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Le futur de l’animation à la télévision passe par la TNT et  les offres délinéarisées

Le secteur de l’animation est sous le feu des projecteurs cette semaine. En effet, le Festival du Film d’Animation  s’est ouvert le 15 juin à Annecy, tandis que les studios Pixar lancent en salle leur nouveau film d’animation intitulé Vice-Versa qui continue d’expérimenter de nouvelles technologies dans le domaine. Dans ce contexte, NPA Conseil revient sur les enjeux de l’animation à la télévision française.

La diffusion TV des films d’animation : un volume en baisse et des audiences relativisées

La diffusion des films d’animation à la télévision est en retrait. Le nouveau rapport du CNC Le marché de l’animation en 2014 (15 juin 2015) dénombre un total de 137 films d’animation diffusés à la télévision en 2014, soit 10 de moins qu’en 2013. Toutefois, la TNT gratuite progresse et porte le genre puisque 69 œuvres cinématographiques d’animation ont été proposées en 2014 sur ses chaînes (+12 films par rapport à 2013). A l’inverse, Canal+ a fortement réduit son offre de films d’animation (19 en 2014).

Evolution du nombre de films d’animation diffusés à la TV

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Source : CNC

Si les films d’animation à la télévision restent à première vue fédérateurs, à noter que les meilleures audiences TV 2014 sont réalisées par de grandes franchises de films américains. De plus, ces meilleures audiences restent cantonnées à des périodes de vacances scolaires (ici l’été ou à Noël). Le cinéma à la TV reste bel et bien attractif mais ses succès apparaissent pourtant conditionnés et relativisés par certains facteurs.

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Source : CNC

L’érosion des cases TV historiques et de la production des dessins animés

En 2014, on dénombre 3372 heures de diffusion d’animation audiovisuelle sur les chaînes nationales historiques, soit un recul de 11%, qui se traduit sur toutes les chaînes historiques. A l’inverse, la TNT est en nette augmentation sur la diffusion de dessins animés avec près de 9000h en 2013 (chiffres 2014 n.a).

Côté audiences, les cases d’animation TV historiques connaissent globalement une forte érosion, à l’exception de Zouzous sur France 5 : celle-ci affiche la seule progression entre la saison 2011-2012 et la saison en cours (+15%). Aussi, la case Ludo de France 3 perd près de 50% de son audience cible sur 4 saisons, de même que M6 Kid qui enregistre un recul de près de 40%. TFOU sur TF1 affiche quant à elle une relative stabilité.

Evolution des cases d’animation des chaînes nationales historiques sur la cible des 4-10 ans

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Source : NPA Conseil sur données Médiamétrie

Aussi, le retrait du volume de production de l’animation TV semble être le corollaire du recul des audiences. Selon le nouveau rapport du CNC, le secteur enregistre une production plus faible en 2014 : 260h d’animation ont été produites en France contre 326h en 2013 (-20,1%). A noter en revanche un coût horaire en progression de près de 5% l’an passé, soit son niveau le plus élevé depuis 5 ans.

Evolution de la production audiovisuelle d’animation entre 2013 et 2014

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Source : CNC

La migration des contenus d’animation vers des espaces délinéarisés

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Si le volume de production et l’audience TV de l’animation affichent une tendance à la baisse, celle-ci se voit compensée par la progression de sa consommation en télévision de rattrapage ou sur de nouvelles plates-formes. Ainsi, le rapport du CNC révèle une hausse de 55,5% sur la consommation des programmes jeunesse sur la télévision de rattrapage. L’animation constitue désormais 4,4% de l’offre TVR sur Internet des chaînes nationales gratuites (vs 3,1% en 2013).

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Source : CNC

 Le succès de la télévision de rattrapage en animation a ouvert la voie au développement de nouvelles offres jeunesse en ligne, véritable vivier d’audience complémentaire. Ainsi, les chaînes les plus importantes dans la diffusion d’animation ont toutes déployé leurs programmes sur les différents supports, avec des chaînes thématiques personnalisées et des contenus enrichis. C’est notamment le cas de la plateforme Ludo, une offre à destination des 6-12 ans qui reprend la marque déjà présente sur France 3 et France 4 pour la décliner sur tous les écrans (tablettes, TV connectée, consoles, smartphones, YouTube). Une large partie des contenus disponibles dépend de la programmation antenne mais l’offre se voit aussi compléter par des contenus exclusifs.

Capture d’écran de la plateforme d’animation Ludo de France Télévisions

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Source : ludo.fr

La SVOD se développe également de façon accélérée sur les contenus d’animation (Gulli Max, TFou Max, Netflix Kid, etc.) et les acteurs OTT misent désormais également sur le genre avec un fort investissement dans la production. En plus de son catalogue conséquent de vidéos jeunesse à la demande, le géant américain Netflix produit aussi de nombreuses séries d’animation originales destinées aux enfants, déclinées des franchises cinématographiques, en l’occurrence du Studio Dreamworks (Shrek, Turbo, Madagascar, Kung-fu panda, etc.)

En conclusion, même si le secteur de l’animation continue d’être un pilier de l’offre audiovisuelle, en télévision comme au cinéma, celui-ci se retrouve néanmoins confrontés à certains défis :

  • La profusion des productions cinématographiques qui relativisent les succès individuels ;
  • L’érosion des audiences de l’animation à la TV, des cases d’animation historiques comme des événements cinéma de prime (succès des films d’animation US notamment) ;
  • L’éclatement de l’offre en OTT, qui constitue à la fois un vivier d’audience complémentaire mais aussi une menace pour la TV linéaire.